Les Américains ont débarqué à La Baule

Les Américains ont débarqué à La Baule

Au terme d’une épreuve d’un incroyable niveau, l’Américain Kent Farrington, en selle sur sa jument Greya, a remporté le Rolex Grand Prix Ville de La Baule. Il devance son jeune compatriote Karl Cook et le Belge Grégory Wathelet dans un bouquet final que les spectateurs et acteurs garderont longtemps à l’esprit.

Rarement l’usage des superlatifs n’aura semblé aussi judicieux. Le Rolex Grand Prix Ville de La Baule, épilogue de quatre jours de compétition de très haut niveau au stade François André, a livré un spectacle étourdissant. Avec un plateau de cavaliers et de chevaux exceptionnel, dont beaucoup devraient briller cet été lors des Jeux olympiques, le Grand Prix a offert un moment d’une incroyable intensité pour cette étape de la toute nouvelle Rolex Series (La Baule, Dinard, Rome, Bruxelles, Dublin, Wellington). Avec à son terme, un doublé américain, symbolique en cette période d’anniversaire du D-Day. Quatorze ans après Mclain Ward, sacré en 2010 avec Sapphire, Kent Farrington est devenu le deuxième cavalier des États-Unis à inscrire son nom au palmarès. Il succède au Belge Nicola Phillipaerts sacré l’an dernier avec Katanga v/h Dingeshof.

Onze couples s’étaient hissés au barrage au terme d’une première manche très sélective mais tout en subtilité dessinée par Grégory Bodo, chef de piste cet été à Versailles pour les épreuves olympiques (associé à l’Espagnol Santiago Varela). Onze couples, avec toutes les stars du moment : les Suisses Steve Guerdat (n°3 mondial), Martin Fuchs (n°6) et Pius Schwizer, les Belges Grégory Wathelet (n°24) et Jérôme Guéry (n°41), l’Autrichien Max Kühner (n°5), les Américains Kent Farrington (n°7) et Karl Cook (n°29) ou encore Kevin Staut (n°20), seul Français qualifié pour ce dernier acte explosif. Tous présents avec leur meilleur cheval.

Quand Karl Cook, deuxième à s’élancer avec sa jument Selle Français Caracole de la Roque, coupait la ligne en 34’’21 après avoir semblé voler sur les obstacles, beaucoup aurait parié sur un nouveau succès de l’élève d’Éric Navet, deux semaines après avoir déjà remporté le Rolex Grand Prix de Rome. Mais Kent Farrington, avec sa jument de dix ans Greya, ôtait encore 12 centièmes au chrono de son compatriote. Au paddock, les cavaliers encore en lice comprenaient alors que la barre était cette fois trop haute. Avec la perspective des Jeux olympiques dans quelques semaines, beaucoup préférèrent alors jouer « placé » sans prendre tous les risques. Au paddock, Kent Farrington, 43 ans, vice-champion olympique par équipes à Rio en 2016 (5e en individuel), voyait tous ses adversaires buter contre son temps stratosphérique. « J’étais très déterminé pour le barrage bien sûr, mais à vrai dire, je le suis toujours, insiste le vainqueur du jour. Greya est une jument que j’ai depuis ses 4 ou 5 ans, qui est partie en Europe et qui est revenue chez moi pour ses 6 ans. C’est un peu ma chouchoute. J’ai vraiment pris mon temps avec elle. J’ai de bons résultats en ce moment mais dans notre sport, tout change très vite. On peut vite passer de héros à zéro mais aussi de zéro à héros. C’est notre vie. J’essaye juste de rester concentré sur mon job. Sur le barrage, j’ai un peu regardé ce que Karl avait fait mais je préfère ne pas être trop influencé et rester sur le plan de base. Pour les Jeux olympiques, nous verrons après la décision de notre chef d’équipe. Mais je ne veux pas y aller juste pour être présent. À cet instant de ma carrière, je n’irai que si j’ai une chance de bien figurer. »

En lice pour intégrer l’équipe des États-Unis à Versailles cet été, Karl Cook a forcément marqué les esprits de son sélectionneur Robert Ridland. « Quand j’ai terminé, je savais que j’avais été rapide, mais j’avais aussi conscience qu’on pouvait encore aller un peu plus vite à certains endroits, analyse Cook, 33 ans. De toute façon, avec les cavaliers et chevaux qui arrivaient derrière moi, rien n’était joué. J’espérais juste leur avoir mis assez de pression pour les pousser à la faute. Malheureusement pour moi, Kent a été plus vite. Mais cette deuxième place me rend très heureux. Mon entraîneur Éric Navet m’avait beaucoup parlé de La Baule et de tous les souvenirs qu’il a ici. C’était important de bien réussir aussi pour lui. Sur la question des Jeux olympiques, pour le moment j’essaye juste de faire des sans-fautes et nous verrons bien. »

Le Belge Grégory Wathelet avec son formidable Bond Jamesbond de Hay s’offrait le podium avec un nouveau sans faute, mais à plus de trois secondes du duo américain. « Cette troisième place me ravit, souligne-t-il. Il faut être honnête, il n’était pas possible d’aller chercher les chronos de Kent et Karl. D’autant plus que le barrage ne correspondait pas aux caractéristiques de mon cheval. Il y a quand même un objectif olympique dans deux mois et il ne fallait pas faire de bêtises. » Il faut descendre un peu plus bas dans le classement pour trouver le premier Français, Kevin Staut, onzième avec Visconti du Telman (8 points au barrage).

Dans la matinée, le Grand Prix Defender du CSI 1* (1,35 m), Nicolas Cizeron a fait retentir La Marseillaise en signant le plus rapide des huit double sans-fautes (11 barragistes) avec sa jument Fragrance d’Elle. Il devance le Belge Jordy van Massenhove avec Konita HX et le Français Killian Rouchvarger avec Cardinal d’Ysieux Z. Anthony Boughaba Duplaix sur Athika des Roches avait aupravant remporté le Prix Emma Pâtisserie du CSI 1* (1,20 m), devant Gabrielle Chabauty (Estrella Tardonne) et la Suissesse Jasmine Talley (Metallica).

 

« C’était incroyable ! »

Pierre de Brissac (Président du Jumping International de La Baule) : « Le bilan de cette édition est évidemment positif. Depuis quatre ans que notre équipe organise ce rendez-vous, tout est désormais bien huilé. Nous avons beaucoup travaillé sur la communication ou encore sur la qualité de la piste avec Michel Poncelet de Green Consult. Nous avons aussi amélioré l’accueil des grooms, c’est indispensable. La météo a aussi été notre meilleure partenaire. Je suis très heureux pour le public, très heureux aussi pour la Fédération Française d’Équitation car nous avons un grand attachement au label Officiel de France qui est notre lettre de noblesse. Nous essayons toujours de prouver que nous pouvons faire mieux pour démontrer que La Baule, c’est l’Officiel de France. Nous sommes là, nous avons répondu présents par rapport aux cavaliers qui sont unanimes. Kent (Farrington) et Karl (Cook) par exemple viennent juste de me dire « What a show » (quel show) ! C’est un an de travail pour quatre jours de magnifique sport. Nous sommes toujours en jauge maximale au niveau de la fréquentation mais nous avons battu tous nos records en fréquentation matinale. C’était incroyable ! Ça fait tellement plaisir, pour les cavaliers, les chevaux, les grooms, nos partenaires et tous ceux qui travaillent pour la réussite de ce concours. »

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